L’EPF favorise le renouvellement urbain pour limiter l’artificialisation des espaces naturels et agricoles, tout en veillant à rendre les logements créés accessibles à tous.
L’EPF accompagne les collectivités dans l’acquisition de foncier économique et commercial, et agit ainsi pour des centres-bourgs vivants et attractifs.
Les communes bretonnes peuvent être exposées à des risques technologiques, d’inondation, d’érosion ou encore de submersion marine. L’EPF aide les communes dans la mise en place des mesures foncières prévues dans les plans de prévention des risques.
L’EPF se mobilise, avec d’autres acteurs du territoire, pour la préservation de la biodiversité ainsi que des espaces agricoles et naturels.
Avant la mise en œuvre de leur projet, les collectivités peuvent solliciter l’EPF pour préparer, sécuriser et maîtriser les coûts de l’opération.
Pour permettre le projet d’une commune, l’EPF peut acquérir un bien et en devenir propriétaire pour une durée déterminée : il s’agit du portage foncier, cœur de métier de l’Établissement.
L’EPF peut superviser des travaux de dépollution et de déconstruction pour mettre un bien à nu afin de le préparer pour sa future utilisation.
En favorisant les rencontres entre acteurs et en partageant de nombreux outils pratiques sur les questions foncières, l’EPF souhaite aider les collectivités bretonnes.
Un ancien entrepôt frigorifique a été acquis en 2019 par l’EPF Bretagne dans le secteur de la gare. La Ville et l’agglomération souhaitent y développer un projet mixte de campus universitaire, locaux tertiaires et logements. L’EPF a procédé à la déconstruction de la structure en 2020.
A cette occasion, il s’est avéré qu’une partie de la dalle, pour une masse d’environ 5 000 tonnes, n’était pas conçue de manière classique. Elle comportait en son milieu une couche de liège, sur une vingtaine de cm d’épaisseur, dont l’adhérence au béton était assurée par une colle bitumineuse contenant des hydrocarbures. Cette colle a par ailleurs imprégné l’ensemble du liège alors considéré comme pollué. Les impacts chimiques nécessitent un traitement du liège en filière de type incinération.
Des études urbaines ont été menées par les collectivités afin d’affiner le projet et de vérifier s’il pouvait se faire avec la dalle en l’état. Sa démolition a finalement été actée. Séparer le liège du béton représentait alors un enjeu de taille, tant en termes de faisabilité de l’opération que d’estimation de son coût. La filière de traitement du liège contaminé étant très couteuse, l’objectif de bien séparer les matériaux (liège/béton) était primordial.
Le bureau d’études en dépollution Ginger Burgéap a alors conseillé à l’EPF la méthode du criblage dans l’objectif de séparer les matériaux (liège /béton), mais sans être certain qu’elle serait adaptée. C’est pourquoi, en concertation avec les collectivités, l’EPF s’est lancé dans un chantier test en vue de vérifier la faisabilité de cette méthode de dépollution. Suite à appel d’offre, c’est la société COLAS FRANCE qui a été retenue. Le test a porté sur une partie de la dalle pour environ 260 m3. Voir ci-dessous :
Partie de la dalle préalablement démolie pour le test :
Le test se déroule en trois étapes
1/ Les gros blocs de béton font l’objet d’un pré-traitement : à l’aide d’une pince hydraulique, l’entreprise Colas a séparé au maximum le liège + le lien bitumineux contaminés du béton. Il reste alors sur ce béton une partie du lien bitumineux (partie noire sur la photo ci-dessous). Il est entreposé sur une bâche étanche : des analyses chimiques sont effectuées et envoyées dans les installations de déchets habituelles du béton afin de voir si elles accepteront ces déchets.
Si les exutoires habituels les refusent, il sera envisagé soit de les passer au concassage afin de les mettre dans la cribleuse et mieux séparer le éléments (voir étape 2), soit une réutilisation sur site avec confinement (ex : merlon paysagé).
Pince hydraulique en fonctionnement :
Béton après traitement pince :
De son côté, le liège contaminé est enveloppé dans une autre bâche étanche. Des prélèvements sont effectués et envoyés à l’exutoire envisagé (une usine d’incinération à Limay) afin qu’il les analyse et délivre, si accord, un certificat d’acceptation préalable pour une éventuelle évacuation. (ACCORD OBTENU)
2/ Les petits blocs béton (voire les gros un fois concassés) passent dans une cribleuse qui, par le biais de plusieurs tamis de tailles différentes arrive à séparer les matériaux en différentes tailles :
Un système d’aspiration permet de séparer les éléments de lièges grâce à leur faible densité.
Le test a permis une bonne séparation des lièges et des bétons sur les éléments de moins de 20 mm : il n’en sort quasiment que du liège ce qui facilite son acceptation par les exutoirs destinés à ce type de matériaux, d’autant plus lorsqu’il est, comme ici, contaminé aux hydrocarbures.
Les matériaux 20-80 sont plus mélangés (béton seul / liège seul / béton+liège collé). Les lièges étant aspirés (car faible densité) dans une benne fermée, il a été décidé de les repasser autant de fois que nécessaire dans la cribleuse afin de séparer le plus possible le liège du béton.
Les éléments 80-200 devront être traités manuellement. OU : devront être concassés afin de les repasser à la cribleuse, celle-ci ayant montré son efficacité dans le tri.
3/ Par la suite, un rabotage assurera le retrait de la couche résiduelle de liant bitumineux sur la dalle inférieure suite au retrait de la dalle supérieure et du liège,
La dalle inférieure ne présentant plus de contamination, elle pourra être démolie de manière classique.
Dalle Après Rabotage de surface :
Dalle Démolie :
Lexique :
Cette opération a été lauréate des « trophées bretons de la transition » 2024, catégorie « acteur public ». Ces trophées ont été remis dans le cadre de la 7ème « conférence bretonne des ressources » organisée par la région Bretagne et l’ADEME. En 2024 ce sont 7 lauréats qui ont été récompensés parmi 138 projets candidats.
Contexte de l’opération et du site :
Fin 2018 la ville de Saint Brieuc a mandaté l’EPF Bretagne pour l’acquisition de l’ancienne clinique armoricaine de radiologie, située non loin de la gare. Un projet de renouvellement urbain à dominante d’habitat y est envisagé pour une densité minium de 50 logements à l’hectare et 20 % minimum de logements locatifs sociaux (PLUS-PLAI).
L’acquisition s’est faite en 2020 au prix de 230 000 € et les études de la collectivité se sont poursuivies. Le départ récent du précédent occupant et la surveillance constante dont avait bénéficié le site a poussé la ville à envisager une réutilisation du bâti existant, bien conservé et ayant fait l’objet d’une rénovation en 2007, avec désamiantage partiel et l’ajout d’un niveau. Malheureusement, la trame très spécifique de ce bâtiment, dû à son usage d’activité hospitalière et au tènement foncier sur lequel il prenait place, n’a pas permis de valider cette option. La Ville a alors demandé à l’EPF DE démolir le site.
Photos de la clinique : côté Sud*
Côté Nord*
Depuis 2021 toute démolition d’un bâtiment de plus de 1000 m² de surface de plancher ou ayant accueilli une activité artisanale ou industrielle est soumise à un diagnostic PEMD (produits, équipements, matériaux, déchets). Le maitre d’ouvrage doit estimer le tonnage des déchets en amont de la déconstruction et rechercher les filières de recyclage/revalorisation et d’évacuation. Le recyclage et la revalorisation est l’utilisation d’un matériau pour un autre usage suite à transformation : par exemple le bois d’une porte peut servir à du chauffage, le métal peut être refondu et réutilisé, le béton peut être concassé pour faire une couche de forme pour des routes, etc…
Le maître d’ouvrage doit tout mettre en œuvre pour favoriser le recyclage/revalorisation des PEMD issus de la déconstruction : c’est une obligation de moyens et non de résultat à laquelle l’EPF répond largement depuis ses premiers chantiers en 2015 avec en moyenne plus de 80 % du tonnage de déchets (hors amiante) recyclés/revalorisés.
L’objectif de réemploi se situe encore un cran au-dessus puisqu’il suppose une utilisation des équipements et matériaux démontés « en l’état » sans processus de transformation.
Les sites traités par l’EPF, souvent des friches urbaines en très mauvais état, ne sont pas toujours propices à cela. Le site de l’ancienne clinique armoricaine de radiologie présentait l’avantage de ne pas avoir été squatté ni dégradé et offrait donc la perspective de pouvoir mettre en œuvre une démarche proactive de réemploi. Dans un souci de développement durable, la démarche se voulait également sociale en favorisation la réinsertion par l’emploi. Suite à l’accord de la Ville de Saint-Brieuc, celle-ci s’est déroulée en plusieurs étapes.
Suite au diagnostic déchet « PEMD » réalisé par son maître d’œuvre AD Ingé, l’EPF Bretagne a cherché auprès des acteurs du recyclage urbain des entreprise capables de l’accompagner dans une telle démarche.
L’association ADALEA, acteur de la réinsertion sur le bassin d’emploi de Saint Brieuc, a été choisie pour sa connaissance des dispositifs de réinsertion et son expérience en déconstruction. Elle recrute des personnes en transition professionnelle sur un contrat d’ouvrier de chantier polyvalent. Pour les filières de réemploi, ADALEA a fait appel à la Sté d’économie sociale et solidaire (ESS) Murmur Réemploi dont la connaissance des filières de réemploi a été précieuse.
Les deux entités ont ensuite suivi un processus itératif consistant à confronter le recensement des objets réemployables (diagnostic « ressources ») avec les filières de réemploi, ceci afin de démonter ce qui allait effectivement servir.
Ainsi, de juin à septembre 2023, ADALEA a recensé tous les matériaux déposables et intéressant d’éventuels repreneurs : une sorte de « catalogue » des bien réemployables (lavabos, radiateurs, poignés de portes, écrans de télé, gouttières électriques, etc.) a été dressé en distinguant deux temps :
De son côté, Murmur Réemploi a trouvé des repreneurs pour les matériaux et a coordonné leur récupération sur le site. Ainsi, 6 structures ont récupéré les matériaux déposés : Armor Ukraine, Articonnex, Cycle Up, Envie Autonomie, Hameaux Légers, Inter ESS. Murmur a également assuré en propre une partie du réemploi. Ces structures ont « passé commande » à ADALEA de ce dont elles avaient besoin.
Murmur a tenu compte des contraintes d’un réemploi presque « immédiat », les capacités de stockage étant limitées sur la région de Saint-Brieuc. Ainsi seulement 500 m² de dalles de plafond seront réutilisés, et non la totalité car il n’existe pas de besoin supplémentaire à ce jour.
Le chantier, confié à ADALEA, a accueilli jusqu’à 6 salariés en simultané.
Pour rappel, est déposable un bien dont on peut conserver l’intégrité physique et sa fonctionnalité (si on dépose une fenêtre on doit pouvoir la reposer en fenêtre, idem radiateur, WC, etc.) et n’a pas été en contact avec un matériau amianté (par ex, une fenêtre avec un joint amianté ne pourra être réutilisée).
Cette dépose est plus longue qu’une dépose « normale » puisqu’elle vise à une réutilisation de l’objet « en l’état ». Elle n’est donc pas mécanisable.
Matériaux démontés : lavabos*
Radiateurs*
Elle n’a pas concerné les bien permettant de maintenir le bâtiment « hors d’eau et hors d’air ». Ainsi les fenêtres ne sont pas déposées tout de suite ni les bardages et on conserve tout ce qui « maintient en sécurité » le bâtiment en conservant les escaliers et garde-corps (par souci de sécurité des ouvriers du chantier d’insertion et pendant la phase de déconstruction) : s’ils sont réutilisables ils seront déposés en dernier à l’occasion du chantier de déconstruction.
En novembre les biens déposés ont été conditionnés en vue de leur évacuation vers les différentes filières. Ils sont plutôt utilisés par le milieu associatif ou des particuliers qui font de l’auto-rénovation (en raison du problème que pose la garantie décennale pour les artisans).
Ainsi, les matériaux destinés à l’Ukraine sont partis pour la Pologne et ont transité là-bas avant d’atteindre l’Ukraine dans le courant de l’été 2024
Ce sont ainsi 13,8 tonnes de matériaux qui ont été réemployés durant cette phase de curage avant déconstruction.
Quand l’entreprise de déconstruction sera là, MurMur :
Quelque chiffres :
L’accompagnement par les deux structures et le chantier d’insertion pour la dépose avant chantier coûtent environ 45 000 € à l’EPF. Cependant, cette dépose et évacuation dans le cadre d’un chantier « classique » aurait aussi eu un coût, l’EPF estime le « surcoût réemploi » à 20 ou 25 000 €.
L’EPF a préféré avoir une diminution sur le prix de la dépose et laisser ADALEA et Murmur négocier l’éventuelle vente des certains matériaux, cependant, beaucoup ont été donnés (à Armor Ukraine notamment).
Ce sont 13,8 tonnes de matériaux qui ont été réemployés dans le cadre de la dépose avant chantier. L’EPF espère y ajouter une quinzaine de tonnes supplémentaires à extraire durant le chantier de déconstruction car 29,2 tonnes de matériaux réemployables ont été identifiés pendant le diagnostic ressources.
Matériaux conditionnés : écrans*
Dalles de sol*
Si vous voulez en savoir plus sur cette expérimentation, vous pouvez consulter le bilan de première phase établi par ADALEA et Murmur ici :
*Crédit photos : EPF Bretagne